On m’a donné récemment un couteau à lame fixe en INOX. Avec un manche en composite qui brille dans le noir. La lame est en 316L Edit : x46cr13 et j’avoue bien en aimer la forme. Par contre le manche est moche (je trouve en tout cas). Donc du coup je me suis dit que j’allais lui refaire un manche plus joli en bois.
Préparation du couteau
Première chose à faire : virer l’affreux plastique. J’y suis allé tout doucement à la scie japonaise en coupant dans le sens de la longueur sans atteindre la soie. J’ai ensuite écarté les deux flancs avec un tournevis pour mettre l’Inox à nu. Une couche de scotch autour de la lame pour ne pas se couper et protéger les parties visibles et on est bon pour travailler.
Le projet de re-construction
Maintenant que j’ai une lame, reste à faire tout le reste. Tout d’abord j’ai sorti la table à dessin (un cahier plutôt) histoire de savoir ce vers quoi je voulais aller. J’ai donc tracé les contours de la lame et dessiné autour jusqu’à avoir quelque chose qui me plaisait.
Vous avez surement remarqué sur mon (superbe) dessin que j’ai prévu de modifier la largeur de la soie. En fait je n’ai pas vraiment le choix puisque la partie inférieure de la soie était coupée en biais avec de vilaines marques de fabrication. Sur le couteau d’origine cela ne pose pas de problème vu que le manche était moulé autour et masquait donc tout ça. Ayant l’intention de garder la soie visible sur le dessous du manche j’ai donc retouché ça à la lime afin d’avoir une surface propre. J’en ai d’ailleurs profité pour faire un peu de guillochage au passage.
Vous avez également surement remarqué que par rapport au manche d’origine j’ai l’intention de placer le manche en décalé par rapport à la lame. Je trouve ça plus joli et ça laisse un peu plus de place pour les doigts quand on coupe sur une surface plate.
En terme de bois, je vais utiliser du bois rouge qu’on m’a récupéré il y a quelques temps, que j’avais déjà utilisé pour le cadre photo. A noter que j’ai volontairement choisi des bouts assez clairs afin de créer un contraste assez marqué avec l’insert. Et non je ne sais toujours pas ce que c’est comme bois. Entre les deux plaquettes de ce bois rouge je vais ajouter une plaquette de MDF de la même épaisseur que la soie de la lame. Le MDF provient du fond d’une vieille étagère. J’en avait déjà utilisé pour renforcer le guidon de la moto à bascule et une fois huilé le MDF prend une belle couleur bien foncée. On verra bien ce que ça donne.
J’ai également prévu d’utiliser un bout de plaque de laiton pour la mitre de tête.
La mitre
Aussi curieux que cela puisse paraître, j’ai commencé par fabriquer la mitre. L’idée est de l’enficher sur la lame par le haut et de la faire affleurer sur le dessous.
J’ai donc découper un bout de plaque plus grand que la dimension finale et ai découpé une « fente » pour y glisser la lame. Bien entendu la lame est plus fine que toutes mes limes. Et de loin. Une fois bloquée dans l’étau dans des mords en bois, j’ai donc préparé la découpe à la scie à métaux et agrandi l’emplacement petit à petit. Pour cela j’ai simplement enroulé du papier de verre autour d’une vieille lame de scie à métaux. L’idée est d’enlever de la matière juste là où il faut. Donc je ponce, j’essaye et je recommence.
Après un bon moment à essayer d’être aussi précis que possible, on obtient une mitre que se loge quasi parfaitement sur la lame. Ayant prévu de placer la mitre en biais sur la lame, j’ai attendu d’avoir collé le manche avant de faire le biseau sur le haut de la fente. L’angle à réaliser dépend en effet du reste du manche.
Le manche du couteau
Pour le manche, après avoir sélectionné les bouts de bois intéressants, je les ais découpés avec la scie sous table. L’idée est de s’approcher assez proche des dimensions finales en gardant de la marge. Trop grand, et c’est du temps en plus de mise en forme. Trop proche de la dimension finale et c’est un risque de tout devoir recommencer si quelque chose bouge et de manquer de matière.
A noter que les surfaces à coller doivent être propres et suffisamment planes pour assurer une bonne tenue.
L’insert de MDF est découpé afin de coller au plus proche à la soie du couteau. A noter que j’ai du reprendre le bout de la soie afin d’avoir un bord bien droit. Le décroché apportera également un peu de solidité (je l’espère).
Afin d’assurer un maximum la tenue de la colle sur l’inox, j’ai rayé la surface et ajouté 2-3 coups de meuleuse.
Le collage s’est fait en deux étapes. D’abord le collage des flancs et de l’insert sur la lame puis le collage de la mitre. La surface de la mitre a également été rayée afin de renforcer le collage.
Le collage de la mitre m’a donné un peu de fil à retordre du fait de son inclinaison. Mais rien qu’un enchevêtrement de serre joints ne puisse résoudre. Après avoir laissé sécher une nuit, il ne reste donc plus qu’à sortir les rappes, le papier de verre et tout outil pouvant être utile et taper dedans !
La mise en forme du manche
Après avoir complété la protection de la lame avec du scotch plus épais, je bloque le tout dans l’étau. Vous remarquerez que j’ai utilisé des mords en bois pour ne rien abîmer. Il s’agit ensuite d’enlever le bois là où il faut, sans déraper. A noter que tout est fait à la main. J’avais prévu à la base d’utiliser ma ponceuse lapidaire mais devant la précision requise, je me suis contenté d’utiliser les rappes et limes que j’avais à disposition. Au final ça s’est fait plutôt facilement.
En terme de ponçage, je suis descendu jusqu’au grain 400 avant de passer un coup de paille de fer 000. J’ai également humidifié le manche afin de relever le grain pour passer un coup de ponçage très léger.
Pour protéger le bois, j’ai passé 3 couches d’huile de tung, afin de redonner une belle couleur au bois.
Ce qui donne :
Sacré changement, n’est-ce pas ?
Dommage que ça ne m’aille pas. La pointe que fait la mitre sur le dessus ne me va pas. Je ne la trouve pas esthétique et saute aux yeux.
Par contre la forme du manche ma va très bien, le couteau tient bien en main. La partie enfoncée sur l’arrière du manche permet de bien avoir le couteau en main, aussi bien avec mes grandes paluches qu’avec les mains douces et délicates (et petites) de ma Dulcinée. Donc seule la partie avant est à revoir.
On casse et on recommence
Promis je n’ai pas tout cassé. J’ai juste décollé la mitre aussi délicatement que possible (avec un tournevis et mon maillet de mécanique) pour en modifier légèrement la forme avec l’étau. J’en ai d’ailleurs profité pour la polir correctement. J’ai ensuite modifié la forme du manche pour qu’il vienne épouser la forme de la mitre au plus prêt pour pouvoir recoller le tout. Au final une toute petite modification qui fait toute la différence.
Pour finir j’ai remis deux couches d’huile et passé un coup de microfibre pour donner un peu de brillant. Et voilà :
C’est quand même mieux qu’à l’origine, non ? 🙂
Liste de l’outillage utilisé (liens d’affiliation – Qu’est-ce que c’est ?) :